Les délégués toxiques de la Suisse: pesticides et intérêts chinois obtiennent des badges suisses à la COP 30

Novembre 2025

Résumé

Les organisations climatiques suisses sont préoccupées par la récente nomination de deux représentants de l’industrie au sein de la délégation officielle suisse à la COP 30 au Brésil. Tous deux sont liés à des organisations dont les activités sont en contradiction directe avec les objectifs climatiques de la Suisse, notamment en matière de droits humains et d’intérêts liés aux énergies fossiles. Leur inclusion soulève des inquiétudes quant à de graves conflits d’intérêts et démontre une fois de plus la vulnérabilité de la Suisse à l’influence des lobbys destructifs. BreakFree Suisse, Swiss Youth for Climate (SYFC) et Drop Fossil Subsidies exhortent les autorités suisses à mettre en place des critères de sélection transparents et à impliquer le grand public dans le processus de sélection des futurs représentants à la COP. L’intégrité des sommets sur le climat est en danger.

Contexte

Le Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC) a accepté la nomination par economiesuisse de la directrice du développement durable de Syngenta et d’un représentant de l’Union suisse des arts et métiers (SGV/USAM) au sein de la délégation suisse cette année. 

Selon les directives 2022 du Conseil fédéral concernant l’envoi de délégations à des conférences internationales, leur composition doit refléter les positions de la Suisse en matière de politique étrangère.

Cependant, Syngenta, le géant de l’agrochimie, est régulièrement critiqué pour ses pratiques nuisibles à l’environnement. En 2016, l’entreprise a été rachetée par le conglomérat chimique chinois ChemChina, qui appartient à l’État chinois. Son modèle économique repose sur la vente à l’étranger de pesticides dangereusement toxiques. Syngenta fait actuellement l’objet d’un procès au tribunal civil de Bâle. Leur pesticide aurait empoisonné des centaines d’ouvriers agricoles et aurait tué au moins deux agriculteurs qui utilisaient l’insecticide Polo de Syngenta, contenant du diafenthiuron, une substance interdite en Suisse et dans l’UE.

 

Bien que l’USAM soutienne en théorie l’accord de Paris, la position officielle de l’organisation contredit un certain nombre d’engagements climatiques de la Suisse. L’USAM s’oppose à la réglementation climatique et à l’extension des exigences ESG, tout en demandant la suppression des obligations en matière de reporting sur le développement durable.

Il est indéniable que l’efficacité des mesures climatiques dépendra de la participation de l’ensemble de la société. En tant que principaux pollueurs suisses, les industries ont évidemment un rôle clé à jouer. Certaines entreprises ont déjà pris leurs responsabilités en s’engageant à atteindre des objectifs climatiques fondés sur des données scientifiques en vue d’une économie à zéro émission nette. Ces entreprises apporteraient davantage de cohérence ainsi que les connaissances et le réseau nécessaires à ces négociations climatiques cruciales.

Cependant, ces deux délégués nuiront gravement à la crédibilité de la Suisse lors des négociations à la COP 30. Les délégués des pays du Sud pourraient avoir du mal à prendre au sérieux la bonne volonté apparente de la Suisse si deux de ses délégués proviennent d’entreprises dont les activités ont un impact dévastateur sur les communautés les plus vulnérables du monde. 

Ces nominations ne font que perpétuer la vulnérabilité de la Suisse face aux lobbyistes des énergies fossiles, comme l’a révélé Alliance Sud en octobre 2025. La Suisse a continuellement emprunté la voie de la compensation carbone à l’étranger, malgré les critiques. Des choix douteux qui peuvent être liés à l’influence écrasante des lobbyistes des énergies fossiles sur la politique climatique suisse. 

Le ministre de l’Environnement, des Transports, de l’Énergie et des Communications est issu d’un parti qui flirte avec le climatoscepticisme depuis longtemps. Mais la société civile attend une représentation à la hauteur des droits humains et environnementaux de la Suisse – et il est du devoir de son ministère de mettre en place les processus adéquats pour atteindre cet objectif. La Suisse peut et doit faire mieux. 

Citations

“Wer die Schweiz an der COP 30 vertritt, trägt nicht nur ein Mandat – sondern auch das Gewicht unserer Werte in Sachen Menschenrechte, Nachhaltigkeit und Transparenz.” Marie-Claire Graf (Project Manager, SYFC)

« Nous avons posé la question une fois, deux fois — posons-la encore, jusqu’à obtenir une réponse à la hauteur: comment éliminer ces conflits d’intérêts et construire, ensemble, un monde juste et durable lors de négociations si décisives ? » Leïla Réau (Project Manager & former President, SYFC)

« La Suisse déroule le tapis rouge à Syngenta pour que celle-ci présente ses pesticides mortels comme durables lors de la COP 30 au Brésil, où elle a déjà réussi à faire pression pour affaiblir la législation. Quant au lobby pétrolier, il pourra continuer à perpétuer le mirage des compensations à l’étranger. C’est un affront brutal à ceux qui subissent de plein fouet la crise climatique. » Camille Delgrange (BreakFree Suisse)

« Les entreprises suisses bénéficient déjà d’au moins 2,8 milliards de francs suisses de subventions fossiles, ce qui fait que la réalisation des objectifs climatiques de la Suisse relève d’un rêve lointain. L’inclusion par le conseiller fédéral Rösti d’une entreprise chimique étrangère dans la délégation à une conférence sur le climat montre une fois de plus que ses seuls intérêts sont ceux de ses soutiens et sponsors privés. Nous devons et nous allons contester cette « politique de lobbying » qui gangrène la démocratie moderne. » Max Voegtli (Drop Fossil Subsidies)

 

Swiss Youth For Climate (SYFC) a été créé en 2015 afin de donner aux jeunes une voix dans le débat sur le climat aux niveaux local, national et international. SYFC joue un rôle actif sur la scène internationale lors des grandes conférences sur le climat. Nous participons à divers forums thématiques et destinés aux jeunes tout au long de l’année, en Europe et à l’échelle internationale. 

Depuis 2016, BreakFree Suisse milite en faveur de la justice sociale et climatique en faisant pression sur le secteur financier, qui a un impact sur le climat, les biens communs et les droits des personnes.

La campagne « Drop Fossil Subsidies » appelle les gouvernements et les institutions financières à mettre fin à tout financement public et avantage fiscal soutenant la production et la consommation d’énergies fossiles.

Contacts Presse

OTHER BLOGPOSTS

Counter-summit “Burning Bridges”

Counter-summit “Burning Bridges”

Samedi 27 Septembre – Uni mail, salle MS150 – Genève À l’heure où la planète brûle et où les peuples réclament justice, du Congo pillé pour ses minerais au génocide en cours à Gaza, la finance suisse se proclame championne du développement durable tout en continuant...

read more
How many Blattens do we want in years to come?

How many Blattens do we want in years to come?

How Swiss finance is driving climate collapse — and making us pay for it On May 28 2025, the village of Blatten in Valais, Switzerland, was wiped off the map. At 15:24 CEST, ten million cubic meters of rock and ice came crashing down onto the village. In just 28...

read more